Alban, haïtien d’origine, est venu s’installer au Québec pour étudier. Il y a rencontré Ariane, avec qui il s’est marié. Quelques années plus tard : Dina voit le jour à Laval! Elle fait partie des nombreux nouveaux-nés québécois dont au moins un des parents est d’origine étrangère. En 2015, au Québec, trois bébés sur dix sont issus d’un couple mixte ou immigré. En fait, ce type de naissance est en hausse depuis les années 1980. L’Institut de la statistique du Québec nous offre un regard sur cette évolution : d’où viennent les nouveaux parents nés à l’étranger? Quel est leur statut matrimonial? Et quelles régions privilégient-ils pour s’établir?
Les données présentées dans cette synthèse proviennent du Registre des événements démographiques du Québec. On s’intéresse aux naissances issues de mères résidant au Québec ainsi qu’à l’origine des deux parents. On ne fait pas de distinction entre les parents établis depuis longtemps au Canada et ceux fraîchement arrivés.
Un phénomène en hausse
Depuis les années 1980, le Québec compte deux fois plus de bébés qui ont au moins un parent immigré. Dans la majorité des cas, les deux parents sont nés à l’étranger. Les naissances de couples mixtes (un parent né à l’étranger et l’autre né au Canada) sont un peu moins nombreuses. Le plus souvent, la mère est née au Canada et le père est immigrant. Le graphique suivant illustre cette évolution depuis 2000.
Graphique 1. Proportion des naissances selon le lieu de naissance des parents, Québec, 2000-2015
La fécondité des immigrantes
Pour savoir comment l’immigration contribue à la natalité d’une population, il faut connaître le nombre de femmes immigrantes en âge d’avoir des enfants et leur niveau de fécondité. En 2011, ces femmes représentent 15,1 % de la population féminine âgée de 15 à 44 ans. Elles sont d’ailleurs de plus en plus nombreuses, puisqu’elles représentaient 10 % en 2001.
Leur indice synthétique de fécondité est généralement supérieur à celui des Canadiennes de naissance, c’est-à-dire qu’elles ont tendance à faire plus d’enfants. Pour la période 2001-2006, la moyenne estimée est de 1,9 enfant par femme pour les immigrantes, contre 1,5 pour les natives.
Le « top 3 » : Maroc, Algérie et Haïti
Parmi les immigrantes installées au Québec, les Marocaines, les Algériennes et les Haïtiennes sont dans le « top 3 » de la fécondité depuis 2002 : ce sont elles qui font le plus d’enfants (couples mixtes et couples immigrants confondus). Le « top 3 » représente à lui tout seul près de 6 % de l’ensemble des naissances et le quart des naissances de mères immigrantes!
Les Chinoises et les Françaises alternent entre la quatrième et la cinquième position depuis 2003, alors que les Libanaises occupent la sixième place.
Les Américaines faisaient partie des « sept origines les plus fréquentes » au début des années 2000, ce qui n’est plus le cas depuis 2007. C’est d’ailleurs le seul pays qui soit sorti du groupe.
Naissances hors mariage : une moyenne trompeuse
À partir des années 1970, les naissances hors mariage ont beaucoup augmenté : le modèle de la famille traditionnelle a de plus en plus laissé place aux unions libres et aux familles monoparentales et recomposées. En 2012, près de deux bébés sur trois sont nés de parents non mariés.
Mais cette moyenne cache de grandes disparités. Si les deux parents sont nés au Canada, presque huit bébés sur dix naissent hors mariage. Si au moins un des parents est né à l’étranger, c’est l’inverse : presque huit bébés sur dix naissent de parents mariés!
Graphique 2. Proportion des naissances selon l’état matrimonial et le lieu de naissance des parents, Québec, 2012
L’étude souligne à ce propos que la part des naissances de parents mariés peut varier en fonction du pays de naissance des parents, selon les cultures et les attentes sociales, par exemple l’opinion sur l’union libre.
Variations régionales
La proportion des bébés ayant au moins un parent né à l’étranger a augmenté entre 1980 et 2015, mais, cette réalité se décline différemment selon les régions. Les chiffres régionaux les plus récents datent de 2012.
Deux bébés sur trois à Montréal (66 %), un sur deux à Laval (50 %) et un sur cinq en Outaouais et Montérégie (20 %) sont issus des couples mixtes ou immigrés. Ces quatre régions ont les scores les plus élevés du Québec.
Dans les régions de l’Estrie, de Lanaudière, de la Capitale-nationale et des Laurentides, ces bébés représentent entre 11 % et 15 % des naissances. Le Nord-du-Québec occupe la dernière place : seulement 2 % des bébés ont au moins un parent né à l’étranger.
Le Bas-Saint-Laurent, le Saguenay-Lac-Saint-Jean et Lanaudière affichent les proportions les plus basses, mais ce type de naissances a néanmoins beaucoup augmenté : elles ont triplé entre 2000 et 2012.
En bref
Depuis plusieurs années, les bébés nés d’au moins un parent immigrant sont de plus en plus nombreux au Québec. Le plus souvent, au moins un parent est Algérien, Marocain ou Haïtien, et le couple est marié. Même si Montréal accueille la grande majorité de ces familles, leur nombre augmente fortement en région depuis les années 2000.
Cette augmentation va de pair avec les politiques de régionalisation de l’immigration menées par le Québec depuis 1993. Tous ces bébés grandissent et donneront naissance à leur tour : les régions seront très certainement appelées à se métisser encore davantage!