L’obtention, le 19 mars 2004, du droit de se marier pour les couples de même sexe est l’une des avancées sociales les plus importantes qu’ait connue le Québec en matière d’égalité. Depuis, plusieurs centaines de mariages de ce type sont célébrés chaque année. Dix ans après l’entrée en vigueur de cette nouvelle loi, l’Institut de la statistique du Québec a dressé un portrait de ces unions.
Les femmes se disent « oui! »
En 2004, 245 couples de même sexe se sont mariés au Québec, d’après les données du Registre des événements démographiques du Québec. Celui-ci prend en compte tous les mariages célébrés sur le territoire, que les conjoints soient d’origine québécoise ou étrangère. Le nombre de mariages entre conjoints de même sexe a augmenté jusqu’en 2006, avec 621 mariages. Le nombre d’union a ensuite légèrement diminué pour se stabiliser à environ 500 par année. En 2013, 597 couples de même sexe se sont mariés. Les mariages entre conjoints de même sexe représentent 2 à 3 % des mariages célébrés chaque année au Québec, soit l’équivalent de quelque 20 000 couples.
Entre 2004 et 2010, ce sont surtout des couples masculins qui se marient. La tendance s’inverse dans les années qui suivent; les femmes sont maintenant plus nombreuses à se marier. En fait, le nombre de mariages de couples féminins est en hausse constante depuis 2008. Il a presque triplé depuis l’adoption de la loi, passant de 97 mariages en 2004 à 309 en 2013. En comparaison, 148 couples d’hommes se sont mariés en 2004 et 288, en 2013.
40 ans et plus
Les conjoints de même sexe se marient en moyenne entre l’âge de 40 et 44 ans. En 2013, l’âge moyen des conjoints de même sexe était de 43 ans, soit cinq ans de plus que chez les couples hétérosexuels (38 ans).
L’auteure remarque également qu’au sein des couples de même sexe, «les hommes sont en moyenne un peu plus âgés que les femmes lorsqu’ils se marient, bien que l’écart soit généralement de faible ampleur».
Entre conjoints de même sexe, l’écart d’âge moyen est de 7 ans chez les hommes et de 5 ans chez les femmes. Chez les couples hétérosexuels, l’écart est d’environ 4 ans. Les grands écarts d’âge (plus de dix ans) sont deux fois plus fréquents chez les couples d’hommes (30 %) que chez les couples de femmes ou de sexe opposés (15 % des mariages féminins et hétérosexuels).
Moins de remariages
Sans surprise, les mariages de couples de même sexe célébrés entre 2004 et 2013 sont majoritairement des premières unions. « Durant cette période, sept mariages sur dix ont uni deux célibataires; il y a donc eu remariage pour au moins un des deux partenaires dans 30 % des cas ». Comme les couples de même sexe n’ont le droit de se marier que depuis 2004 au Québec, l’auteure suggère avec justesse que « dans le cas du remariage d’un conjoint, le mariage précédant était le plus souvent avec une personne de sexe opposée ». Cependant, il n’est pas possible de préciser ces résultats car Statistique Canada a cessé de compiler les données sur les divorces depuis 2008.
On note un taux de remariage un peu plus élevé chez les couples de femmes que chez les couples d’hommes : trois sur dix contre un sur quatre.
En comparaison, le pourcentage de remariages chez les couples hétérosexuels est de 35 %.
Le Québec : une « destination mariage »
Environ quatre couples de même sexe sur dix comptent un conjoint né à l’extérieur du Canada. La proportion est d’un sur trois chez les hétérosexuels. Chez les couples de femmes, une des conjointes est née à l’extérieur du Canada dans un cas sur trois. La proportion est beaucoup plus importante chez les couples masculins : un des conjoints est étranger dans un cas sur deux!
Comment expliquer ce phénomène? D’après l’auteure, le Québec représente une « destination mariage » pour de nombreux couples car « il n’est pas nécessaire d’y résider pour s’y marier ». Ainsi, entre 2004 et 2008, les couples non résidants qui se sont mariés au Québec représentaient 18 % des mariages masculins et 16 % des mariages féminins. Dans les trois-quart des cas, ces couples provenaient des États-Unis.
Depuis 2009, deux fois moins d’étrangers choisissent de se marier au Québec, probablement en raison de « l’augmentation du nombre d’endroits autorisant le mariage homosexuel ». Les couples américains représentent maintenant moins de la moitié des couples étrangers venus se marier.
Quand on analyse les dix premières années de mariage des couples de même sexe, on constate de nombreux changements. Durant la première moitié de la période, les couples masculins sont majoritaires et de nombreux étrangers choisissent de se marier au Québec. Depuis 2009, les tendances évoluent et les couples féminins sont désormais plus nombreux à se marier. Toutefois, la part des mariages de même sexe reste stable, autour de 2 à 3 %. Enfin, d’après cette étude, quelle que soit l’orientation sexuelle, l’été et le samedi sont les moments privilégiés par les couples pour se marier!