Mars 2020 : premier confinement dû à la COVID-19. Les écoles et les garderies ferment. Les employeurs envoient leurs troupes en télétravail. Les services non essentiels mettent la clé sous la porte. Devant autant de chamboulements, quelle a été la réaction des parents et de leurs enfants ? Tout porte à croire que l’anxiété de l’un nourrit celle de l’autre.
Une équipe du Centre de recherche universitaire sur les jeunes et les familles et de l’Université du Québec à Trois-Rivières a vu dans le premier confinement lié à la COVID-19, l’occasion d’étudier l’anxiété chez les parents et les enfants. Les 144 parents recrutés ont répondu à un questionnaire téléphonique au sujet de leurs peurs et préoccupations liées à la pandémie, puis ont laissé un de leurs enfants répondre à son tour. Le constat : lorsqu’il s’agit de l’anxiété, la pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre !
En famille, on partage tout, même… les inquiétudes !
L’anxiété : vase communicant entre un parent et son enfant. L’équipe remarque en effet que plus un parent craint la COVID-19, plus l’enfant en a peur lui aussi. Pourquoi ? Parce qu’une famille partage non seulement un bagage génétique, mais aussi tout un environnement. L’éducation fournie par les parents, la relation parent-enfant, le stress parental, le tempérament de l’enfant : autant d’éléments qui influencent l’ambiance à la maison et qui pèsent sur le niveau d’anxiété au sein des familles. L’effet stressant de la COVID-19 ne vient qu’amplifier les peurs et les préoccupations déjà présentes.
À son tour, l’anxiété d’un enfant affecte celle de ses parents. Pour les chercheurs, c’est signe que pour bien accompagner un enfant face à ses peurs et préoccupations, les spécialistes doivent également considérer celles des autres membres de la famille.
« Est-ce que je peux dormir avec vous ? »
Qu’est-ce que chaque membre de la famille partage et que l’anxiété risque de ruiner ? Le sommeil ! Les chercheurs remarquent que les parents et les enfants dont les habitudes de sommeil ont changé pendant le premier confinement sont aussi ceux qui ressentent le plus les effets du stress lié à la COVID-19.
Si l’anxiété est responsable d’un mauvais sommeil, la fatigue nourrit elle aussi les inquiétudes ! Lorsque le petit hamster roule tellement vite qu’il est difficile de fermer l’œil, c’est signe que les effets du stress sont bel et bien installés. Idem pour les mauvais rêves qui viennent perturber le sommeil dit « réparateur ».
Une bonne nuit de sommeil a aussi un effet préventif sur les peurs entourant la COVID. Selon les chercheurs, il est crucial que les parents comme les enfants retrouvent de saines habitudes de sommeil. Plusieurs pistes s’offrent à eux. En premier lieu ? Laisser chaque membre du foyer dormir dans son propre lit : exit les dodos avec les parents ! Garder un horaire de sommeil régulier, faire de l’exercice, couper le temps d’écran avant de dormir et éviter de consulter des nouvelles sur la COVID avant d’aller au lit sont d’autres solutions qui ont fait leurs preuves.
Moins d’argent, moins de stabilité, plus d’anxiété !
Tous les parents ne sont pas égaux face aux inquiétudes qu’occasionnent pandémie et confinement. Premier constat : en plus du stress lié à la COVID, certains parents qui ont vu leurs revenus fluctuer lors du premier confinement connaissent un stress financier plus important, tout comme ceux avec un salaire plus bas avant mars 2020.
Deuxième constat : les familles à faibles revenus et celles avec un niveau d’éducation plus modeste rapportent plus de peurs et de préoccupations liées à la COVID. L’équipe suggère que les employés de la santé et des services sociaux devraient être d’autant plus vigilants envers ces familles, plus susceptibles de ressentir les effets du stress.
On a mis quelqu’un au monde, on devrait peut-être l’écouter !
Les enfants sont loin d’être insensibles au stress. Au contraire, les préoccupations de leurs parents nourrissent leur anxiété, et l’inverse est aussi vrai ! Pour les chercheurs, écouter ce qu’ils ont à dire sur leur anxiété est primordial, d’autant plus que la COVID-19 arrive pour plusieurs au moment où ils développent de nombreux traits sociaux. Des expériences aussi bouleversantes que les premiers mois de confinement ont le potentiel de les affecter pendant de longues années. Pour offrir des pistes de solutions concrètes sur cette problématique, Christine Gervais (UQO) et Isabel Côté (UQO et membre du partenariat Familles en mouvance), ont recueilli les impressions de 195 enfants de 6 à 17 ans du printemps à l’automne 2020 pour comprendre l’effet de la COVID à long terme sur eux et leur famille. Alors que la pandémie évolue d’heure en heure, le témoignage de ces jeunes pourrait permettre d’ajuster les mesures sanitaires à leur réalité.