La procréation médicalement assistée (PMA) est l’une des rares alternatives pour certains couples infertiles qui désirent devenir parents. Au Québec, ces techniques ont reçu un financement public d’août 2010 à septembre 2015, avant de retomber dans la cour du privé. Que nous apprennent les naissances sous PMA durant ce laps de temps? Que de rendre publiques les pratiques de procréation assistée protège aussi bien la mère que l’enfant des complications liées à la grossesse ou à l’accouchement.
Une équipe affiliée au Bureau d’information et d’études en santé des populations de l’Institut national de santé publique du Québec retrace les naissances survenues avant et pendant la couverture des techniques de procréation assistée. Son objectif? Mieux comprendre les effets de la PMA sur la santé des femmes et des enfants. En comparant près de 600 000 naissances – dont plus de 14 000 en procréation assistée – entre juillet 2008 et septembre 2015, les chercheurs remarquent plusieurs améliorations dans le dénouement de la grossesse des femmes.
Moins, c’est mieux!
En 2010, le Québec devient un précurseur dans les soins en fertilité : elle est la première province à rendre publiques les différentes techniques de procréation assistée sous le régime d’assurance-maladie. Le programme exige, sauf exception, le transfert d’un seul embryon par fécondation in vitro (FIV), une avancée majeure pour la santé des femmes.
Pourquoi une avancée? Parce qu’avant la mise en place du programme public, aucun règlement n’encadre le nombre d’embryons transférés. Résultat : le risque de grossesses multiples est réel. Avec la nouvelle directive, le taux de transfert d’un seul embryon passe de 11% à près de 70%. Quant aux grossesses multiples, c’est l’effet inverse : d’une grossesse sur quatre avant la couverture à moins d’une sur dix. Si les risques associés à une grossesse multiple diminuent, les chercheurs remarquent également d’autres effets positifs sur la santé des mères et des enfants.
Grossesse et accouchement plus « sereins » pour la mère
Les femmes mieux protégées avec la couverture publique de la procréation assistée? Et comment! Avant la couverture, le risque qu’une mère vive des complications sévères à l’accouchement – comme une embolie, une hémorragie sévère ou une admission aux soins intensifs – est 2,54 fois plus élevé lors d’une procréation assistée que lors d’une grossesse spontanée. Cette proportion passe à 1,81 fois plus de risques pendant la couverture. D’autres conditions graves voient leur occurrence diminuer, comme la prééclampsie ou encore les accouchements par césarienne.
Cependant, tout n’est pas si rose. Les chercheurs constatent en effet une augmentation de femmes souffrant de diabète de grossesse. Rien de plus normal, selon eux. La couverture publique a aidé un plus grand nombre de femmes en âge avancé, en surplus de poids ou avec des troubles de santé chronique de mener une grossesse à terme. Or, ces femmes sont plus susceptibles de développer du diabète de grossesse.
Moins de risques pour les bébés
La santé d’un nouveau-né est la priorité de n’importe quel parent. Voilà qui tombe bien, puisque c’est aussi l’un des bénéfices de la couverture publique de la procréation assistée! Avant cette dernière et en excluant les grossesses multiples, la procréation assistée est associée à 2,5 fois plus de risques de complications sévères pour les nouveau-nés que la grossesse spontanée contre 1,8 lorsqu’elle est couverte. Les bébés de petit poids ou prématurés sont aussi moins nombreux durant cette période.
Des soins moins chers qu’il n’y paraît
Septembre 2015, la décision tombe : le programme PMA est trop coûteux pour le gouvernement de l’époque qui met un terme à la couverture publique. Les chercheurs questionnent cette décision : s’il est vrai que la facture grimpe au début des soins – environ 15 000$ pour un cycle de FIV – d’autres éléments sont à considérer. Les soins intensifs pour les mères et pour les nouveau-nés coûtent excessivement cher, rappelle l’équipe, et une diminution des risques a probablement mené à des économies considérables pour le système de santé.
Alors que le gouvernement caquiste a renouvelé la couverture publique de la procréation assistée, ce n’est pas seulement le portefeuille des parents qui poussent un soupir de soulagement, mais potentiellement tout le système de santé.