Être parent représente un défi et des responsabilités qui peuvent être source de stress, même quand tout va bien! Alors on peut aisément imaginer le stress vécu par les parents dont l’enfant vit avec une déficience intellectuelle (DI) ou un trouble du spectre de l’autisme (TSA). La littérature scientifique l’a démontré, ces parents-là vivent un stress particulièrement élevé.
Dans cette étude, les chercheurs ont voulu évaluer avec précision le niveau de stress des parents dont l’enfant vit avec une DI ou un TSA. Quels sont les facteurs qui augmentent le plus leur stress? Et quel type de soutien peut être le plus aidant?
DI et TSA : comment mesurer le stress parental?
Cent-quarante-quatre parents ont répondu à un questionnaire distribué dans des écoles montréalaises. Les mères représentent 87 % des parents ayant répondu. L’âge moyen des enfants est de 8.6 ans, pour autant de filles que de garçons.
L’Indice de Stress Parental a permis de mesurer les facteurs de stress liés à l’enfant et ceux liés au parent.
Les parents ont été répartis en quatre groupes :
- développement typique (groupe témoin) : 51 enfants
- déficience intellectuelle (DI) : 43 enfants
- trouble du spectre de l’autisme (TSA) : 18 enfants
- TSA et DI combinés : 32 enfants
Jusqu’à 65 % des parents souffrent d’un stress sévère
Les parents d’enfant ayant un développement typique peuvent vivre un niveau de stress élevé (18%), mais ils sont tout de même moins nombreux que ceux dont l’enfant présente une DI un TSA ou les deux. Cette proportion grimpe à 47% chez les parents dont l’enfant a une DI ou un TSA et à 65% chez ceux dont l’enfant présente ces deux troubles combinés.
Mieux soutenir pour prévenir
Ces résultats sont préoccupants car il a été montré que le stress détériore les liens familiaux et conjugaux et augmente le risque de mauvaises pratiques parentales, ce qui peut, bien sûr, affecter le bien-être de l’enfant.
Quels sont les facteurs ayant le plus d’impact sur le stress des parents? Le stress des parents peut provenir entre autre d’un sentiment d’exclusion sociale, d’une insatisfaction conjugale, d’une mauvaise estime des compétences parentales.
De nombreuses études ont démontré que le soutien social dont bénéficient les parents a un effet tampon très important sur le stress parental. Ce soutien peut être d’ordre informel (soutien familial, réseau social) ou provenir d’institutions.
Sans surprise, ce sont les parents du quatrième groupe (enfant avec DI+TSA) qui disposent du plus de soutien. Mais ce sont aussi ceux qui en sont le moins satisfaits. Ils soulignent de plus que le soutien le plus aidant est celui offert par leurs proches.
L’originalité de cette étude est de mettre en évidence le fait que ce sont certains comportements particuliers de l’enfant, en lien avec la pathologie, qui ont le plus grand impact sur le stress des parents.
La DI et le TSA affectent le comportement et les compétences sociales de l’enfant. Parmi ces comportements sources de stress, on retrouve l’hyperactivité, les difficultés d’adaptation, les problèmes de communication, les troubles du comportement ou de l’humeur, des colères. Ce sont les parents du quatrième groupe, dont l’enfant a le plus de problèmes de comportements, qui sont les plus stressés.
Comprendre pour mieux cibler l’action
La santé psychologique des parents a un effet majeur sur le bien-être de l’enfant. En ce sens, les résultats de cette étude sont particulièrement préoccupants. Savoir quels sont les facteurs majeurs de stress parental doit permettre d’orienter la prise en charge.
Selon les auteures, on doit prioriser un type de soutien permettant d’améliorer le comportement des enfants, puisque c’est la principale source de stress parental. Des études plus poussées devraient également être élaborées afin de mieux comprendre les différents types de soutien à la disposition des parents.
Compte tenu de l’accroissement spectaculaire, ces dernières années, des diagnostics de troubles de comportement, on peut considérer la question du stress parental comme un enjeu social de taille.